Question / R�ponse n� 165

Faut-il et peut-on redynamiser la qualit� pour mieux sortir de la crise ?

La qualit� est beaucoup moins m�diatis�e en France depuis plusieurs ann�es. Pourtant le nombre de sp�cialistes en qualit� s�est consid�rablement accru gr�ce : � la mise en place de nombreuses formations, et � la pression � normative � qui s�est exerc�e sur les entreprises.
Le mouvement associatif de la qualit� a perdu de son ampleur. Que deviennent les � qualiticiens � ? Comment communiquent-ils ? Les revues sp�cialis�es sur la qualit� ont du mal � survivre. Les livres qui sont publi�s sur le th�me de la qualit� font moins recette. Comment les � qualiticiens � peuvent-ils continuer � se cultiver pour aider les entreprises � mettre la qualit� au service des mutations profondes qu�elles traversent ?
Pourquoi les structures qui �taient charg�es de la promotion de la qualit� au niveau national ont-elles disparu ? La dynamique de la qualit� est-elle en voie de d�sint�gration dans les pays industrialis�s ?
Y a-t-il une d�saffection pour la qualit� dans les entreprises ? Est ce que ce manque d�int�r�ts est dangereux pour l�avenir des entreprises ? Si la r�ponse est n�gative, cela signifie que les entreprises peuvent se passer de la qualit�, ou que les entreprises ont trouv� d�autres moyens que ceux qui sont pr�conis�s par les � qualiticiens � pour produire de la qualit�. Si c�est le cas quels sont ces moyens ?
Si la perte d�int�r�ts pour la qualit� est un danger pour l�avenir des entreprises, y a-t-il une prise de conscience de ce danger pour l�avenir de notre Economie ?
Ces constats et ce questionnement qui sont pr�sents depuis cinq ou six ans n�ont pas trouv� de r�ponses satisfaisantes. Les acteurs qui ont assur� la promotion de la qualit� dans un pass� r�cent font partie d�une g�n�ration qui a progressivement quitt� la vie active. La rel�ve n�a peut-�tre pas �t� assur�e dans de bonnes conditions car les qualiticiens �taient trop occup�s dans leurs entreprises pour lib�rer suffisamment de temps pour se consacrer � la poursuite de la dynamique engag�e. Ils ont d�l�gu� cette d�marche � des consultants qui ont tout naturellement utilis� cette dynamique pour d�velopper leur business et qui ont peut-�tre tu� � la poule aux �ufs d�or �.
Si cette situation a affaibli les entreprises, la crise doit �tre en train d�acc�l�rer cette fragilit� en la masquant.
Dans les entreprises qui subissent la crise, les dirigeants accordent moins de temps � leurs missions de management de la qualit�. Les acteurs des services qualit� doivent compenser ces faiblesses conjoncturelles qui peuvent produire des catastrophes. Ils sont constamment mobilis�s pour �viter ces catastrophes dans des syst�mes complexes o� toute d�faillance peut conduire en cascade � des situations dramatiques. Ils peuvent donc de moins en moins consacrer du temps pour se projeter dans le futur. Ils g�rent le risque imm�diat et n�gligent le risque � moyen terme.
La qualit� repose en grande partie sur la coalition d�int�r�ts des acteurs de l�entreprise. La crise peut-elle renforcer cette coalition d�int�r�ts ou provoque-t-elle au contraire un �clatement de cette coalition en cr�ant une dynamique de � sauve qui peut � qui cr�e des conflits entre les diff�rents groupes sociaux qui composent l�entreprise ?
Les salari�s qui ont fortement investi dans la qualit� et qui voient les licenciements s�acc�l�rer, peuvent-ils encore de mobiliser solidairement pour construire la qualit� de l�entreprise ?
Comment montrer que la qualit� reste une valeur s�re de l�entreprise qui lui permettra de renforcer sa comp�titivit� � la sortie de la crise ?


Je suis persuad�, et l�histoire confirme ce point de vue, que la qualit� a toujours �t� le principal facteur de comp�titivit� en sortie de crise.
La France pourrait-elle, pour une fois, se situer dans le peloton de t�te dans se domaine en anticipant la sortie de crise par une nouvelle mobilisation collective de ses acteurs �conomiques sur le th�me de la qualit�? Cette � nouvelle mobilisation � redonnerait du courage � cette g�n�ration de qualiticiens qui ont b�n�fici� d�une formation sp�cialis�e au cours des vingt derni�res ann�es et qui doutent de leur avenir.
Je suis persuad� que la qualit�, comme l�environnement, fait partie des leviers transversaux qui soudent les acteurs socio �conomiques en les projetant dans le futur sur des finalit�s consensuelles.

Pierre Maillard
Ancien Directeur g�n�ral de l�IRDQ
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